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Altay : Dawn of Civilization - Entre tradition et modernité, un équilibre fragile

Dernière mise à jour : 12 sept.

J'ai découvert Altay lors d'une soirée jeu particulièrement animée chez des amis. Paolo Mori était au programme - vous savez, le créateur d'Ethnos et Libertalia, ces pépites qui traînent toujours dans nos ludothèques. Quand mon pote Nicolas a sorti cette boîte aux illustrations envoûtantes de Pauliina Hannuniemi, j'avoue que j'étais curieux mais aussi légèrement méfiant. Encore un jeu de civilisation qui promettait monts et merveilles en 60 minutes ? J'avais déjà donné dans le genre, souvent pour finir déçu par des promesses non tenues.

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  • Durée : 45-90 minutes (plutôt 60 en réalité)

  • Âge : 12 ans et plus

  • Joueurs : 2-4 joueurs (optimal à 4)

  • Éditeur : Ares Games / Gigamic

  • Auteurs : Paolo Mori & Ole Steiness

  • Illustratrice : Pauliina Hannuniemi


Premier contact : quand les apparences ne trompent qu'à moitié

Dès l'ouverture de la boîte, j'ai été happé par la qualité de production. Ces petits bâtiments en 3D, ces cartes grand format aux visuels mystiques, ce plateau sans lignes de démarcation qui respire l'authenticité... Altay flatte l'œil, c'est indéniable. Les tribus - Elfes, Telluriens, Peuples du Feu et Petits Peuples - ont chacune leur identité visuelle forte, même si j'ai rapidement découvert que cette différenciation restait malheureusement assez superficielle.

Le principe me parlait instantanément : combiner deck-building et contrôle territorial dans un format digeste. Chaque joueur démarre avec un paquet de 10 cartes représentant sa tribu, puis doit explorer, conquérir et développer son petit empire sur un plateau divisé en quatre régions distinctes. Sur le papier, ça semblait tenir la route.


L'expérience de jeu : entre familiarité et frustration


Mon premier tour m'a immédiatement rappelé mes parties de Dominion ou Lost Ruins of Arnak. Cinq cartes en main, des ressources à produire, un marché à explorer... Les mécaniques sont parfaitement rodées et accessibles. Ce qui m'a plu, c'est cette sensation de progression immédiate : mes chasseurs de base peuvent doubler leur production s'ils sont implantés sur le bon terrain, mes guerriers permettent de franchir les obstacles du plateau.

Le marché propose 11 cartes différentes, toujours les mêmes, disponibles en plusieurs exemplaires. Cette stabilité est à la fois une force et une faiblesse. D'un côté, elle permet d'élaborer une stratégie cohérente dès le début de partie. De l'autre, elle limite cruellement la rejouabilité. Après quelques parties, j'avais l'impression de refaire les mêmes achats dans le même ordre.


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Les technologies : le vrai cœur du jeu


C'est là qu'Altay reprend des couleurs ! Le système de technologies en trois niveaux apporte cette asymétrie que les factions n'arrivent pas à créer. Pouvoir défausser une carte pour en piocher une autre, stocker des ressources, obtenir des bonus de fin de partie... Ces développements donnent enfin une direction personnelle à ma stratégie.

J'ai particulièrement apprécié cette course aux technologies de niveau 3, ces "merveilles" cachées qui peuvent complètement changer la donne en fin de partie. Ça, c'est du Paolo Mori dans le texte : simple en surface, mais avec ces petits détails qui font toute la différence.


Altay se veut un jeu de civilisation "pacifique", et ça se ressent dans son système de combat. Comparer épées et boucliers, c'est expédié en deux secondes. Le problème, c'est que cette simplicité rend les affrontements parfois répétitifs et prévisibles. Dans ma dernière partie à quatre, Nicolas et moi nous sommes retrouvés dans un cycle "je construis, tu détruis" qui a tiré la partie en longueur de façon désagréable.

Paradoxalement, le mécanisme de "reddition" est plutôt bien pensé : perdre volontairement permet de renouveler sa main, ce qui évite les situations complètement bloquées.


Configuration et nombre de joueurs : l'équation complexe

À deux : l'isolement problématique

J'ai testé Altay en tête-à-tête avec ma compagne, et c'était notre partie la moins convaincante. Le plateau semble trop grand, les interactions trop rares. On peut litteralement jouer chacun dans son coin en se croisant à peine. Heureusement, l'extension Seafarers (incluse dans la version française) ouvre les possibilités avec ses îles navigables, mais ça reste décevant.


À trois : le déséquilibre géographique

La configuration à trois souffre d'un problème de géographie. Une région du plateau reste inutilisée, créant des situations où un joueur peut se retrouver isolé pendant que les deux autres s'affrontent. J'ai vécu ça lors de ma deuxième partie, et c'était franchement frustrant.


À quatre : l'expérience optimale

C'est à quatre que j'ai pris le plus de plaisir. Le plateau vit, les tensions sont palpables, les choix cornéliens. Chaque région est occupée, les frontières se touchent, et soudain chaque décision compte. L'extension Seafarers prend alors tout son sens, offrant des voies alternatives quand les terres deviennent trop disputées.

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Les forces qui séduisent

Une production exemplaire

Difficile de ne pas tomber sous le charme de ce matériel. Les illustrations de Pauliina Hannuniemi créent une atmosphère mystique parfaite, entre préhistoire et fantasy. Ces petits bâtiments en 3D apportent une présence physique très satisfaisante sur le plateau. Même le rangement est pensé !

L'accessibilité assumée

Altay réussit son pari : proposer l'expérience "civilisation" sans la complexité habituelle du genre. En 60 minutes chrono, j'ai exploré, conquis, développé et marqué des points. Pour des joueurs initiés qui veulent du jeu expert sans se prendre la tête, c'est parfait.

L'équilibre compétitif

Toutes mes parties se sont jouées à quelques points près. Les différentes voies vers la victoire (expansion territoriale, développement technologique, domination militaire) semblent bien calibrées. J'ai vu gagner le joueur qui avait le plus construit, celui qui avait optimisé ses technologies, comme celui qui avait joué l'interaction.

Les faiblesses qui déçoivent

L'asymétrie en trompe-l'œil

Ma principale déception concerne les factions. Sur les 10 cartes de départ, 8 sont identiques entre toutes les tribus ! Les différences se résument à un chasseur en plus ici, un guerrier en moins là. C'est anecdotique, et ça ne suffit pas à créer une vraie identité de jeu. J'espérais retrouver l'asymétrie marquée d'un Ethnos, mais non.

Le marché statique

Voir toujours les mêmes 11 cartes disponibles, ça lasse vite. Après trois parties, j'avais l'impression de connaître par cœur l'ordre optimal d'acquisition. Où sont les cartes spéciales, les effets "game-changing", les combinaisons inattendues qui font le sel du deck-building ?

L'impossible épuration

Un détail qui m'agace : impossible de se débarrasser des cartes de départ pourries ! Une seule technologie permet de "trasher" des cartes, et encore... Du coup, mon deck de fin de partie reste pollué par ces chasseurs à 1 nourriture qui ne servent plus à rien. Frustrant pour un amoureux du genre.

La courbe d'apprentissage inversée

Paradoxalement, plus je joue à Altay, moins j'y prends plaisir. La première découverte est magique, la deuxième partie confirme les bonnes impressions, mais dès la troisième, les limites apparaissent. Le jeu montre rapidement ses ficelles, et l'impression de "faire du sur-place" s'installe.


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Le verdict : un jeu de transition réussi mais limité

Altay me laisse un sentiment mitigé. C'est indéniablement un beau jeu, bien produit, accessible et équilibré. Pour découvrir les mécaniques de deck-building ou s'initier aux jeux de civilisation, c'est même une excellente porte d'entrée. Paolo Mori et Ole Steiness ont créé quelque chose de cohérent et fonctionnel.

Mais voilà : quand on connaît déjà le genre, Altay peine à convaincre sur la durée. Il lui manque cette petite étincelle, cette originalité qui fait qu'on a envie d'y revenir. C'est un "bon élève" sans être un "brillant étudiant", pour reprendre une métaphore scolaire.

Je le conseillerais volontiers à des groupes mixtes, avec des joueurs d'expérience variable, pour une soirée détendue. Mais si vous cherchez le nouveau deck-builder qui va révolutionner vos soirées, passez votre chemin. Altay est une transition agréable, pas une destination.

Ma note : 6,5/10

Un jeu honnête et bien fini, parfait pour découvrir ou faire découvrir, mais qui manque de personnalité pour marquer durablement les esprits. À essayer absolument à quatre joueurs avec l'extension dans la boîte, à éviter à deux.

 
 
 

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